Parcours

Dans mes spectacles, pour les tout-petits, pour les plus grands, pour les ados, les adultes, on retrouve le souci du lien avec l’autre, que le public soit composé d’une, de deux ou de 400 personnes.
Si mon intérêt, et mon plaisir, restent intact face au jeune – et au très jeune – public, les années passant, j’apprécie de plus en plus le fait de raconter à un public d’adultes. A bon entendeur…


En découvrant les contes du Burkina Faso, avec Suzy Platiel, ethnolinguiste et africaniste menant une recherche autour des fonctions sociales du conte dans les sociétés de culture orale, je suis frappé par les résonances, à la fois universelles et intimes, du répertoire traditionnel.
Depuis lors, assoiffé d’histoires, je m’invente un chemin, qui louvoie, du fantastique au merveilleux, du conte traditionnel à la création contemporaine, de la nouvelle au roman familial, en passant par le conte facétieux.


Musicien – percussionniste – de formation, j’aime à explorer, seul ou avec d’autres artistes, les liens entre la parole conteuse, le chant, la musique, la danse, le cinéma…
En 2007, j’entame un parcours professionnel à la Maison du Conte de Chevilly-Larue avec, entre autres, Julien Tauber et Marien Tillet – Atelier conte, Praline Gay-Para et Florence Desnouveaux – Atelier petite enfance, Abbi Patrix et Jean-François Vrod – Réinventer le conte musical, Myriam Pellicane – Dire l’Interdit/No(s) limit(es).

En 2010 et 2011, j’intègre l’Atelier de Gilles Bizouerne, au conservatoire Paul Dukas de Paris.

Depuis 2011, j’ai été membre du LABO de la Maison du Conte, où j’ai également participé à plusieurs MICRO-LABOS.

Depuis 2012, j’ai repris, et créé, avec Julien Tauber, des spectacles et des visites contées autour des expositions temporaires et du Musée du cinéma de la Cinémathèque française (Tim Burton, Jacques Demy, Charlie Chaplin, Henri Langlois). J’ai également créé, en 2015, un nouveau parcours conté dans le musée permanent de la Cinémathèque, à destination du très jeune public.

En 2014 et 2015, j’ai suivi l’Atelier Vocal de Haïm Isaac.

Depuis 2014, je prends en charge des ateliers et formations Roulez Comptines ! – transmission et échanges autour des contes, comptines et jeux de l’oralité, mis en place par la Direction de la Culture du Conseil général du Val-de-Marne dans les centre de PMI du département.


Depuis 2016, je continue mon chemin en travaillant d’abord  avec Frédéric Faye, maître s’il en fût en arts de la parole, et aujourd’hui avec Marie Faye.

En partant du principe que « l’humain » est la source, le point de départ, Frédéric Faye a mis au point une méthode qui permet de trouver ce qui fonde et déploie l’activité artistique. En remettant en question bien des techniques (apprendre à respirer, apprendre à marcher, apprendre à avoir l’air d’être naturel…) qui ne sont souvent utilisées que pour compenser la perte du lien avec soi, la méthode de Frédéric Faye réconcilie les exigences de l’artiste avec les aspirations de l’être humain.

Je trouve dans la précision de leur enseignement le plus court chemin vers une démarche singulière, la mienne, que je vais essayer d’expliciter ici.

Raconter, pour quoi faire ? (fragments d’une épopée)

Cohéritier, sans le savoir, d’un récit familial bien touffu, où l’indicible trône en majesté, je débute l’apprentissage du piano, à l’âge de 4 ans, avec ma grand-mère, organiste au destin tragiquement contrarié, grand-mère adorée mais pas très souple, pédagogiquement. Je ne réaliserai que bien plus tard que ce deuxième langage qu’elle m’apprend là me sera aussi vital qu’il lui a été, que ce langage est celui où mes émotions trouveront un chemin pour s’exprimer.

Je découvre Bach, fais ma première gamme, à Meudon, sur le pédalier de l’orgue de Marcel Dupré, qui fût son professeur, et… démonte allègrement, et régulièrement, le piano, passant  de nombreuses heures à inventer des histoires de tout-petits, poursuivis par d’horribles monstres, en laissant courir mes doigts sur le clavier, émerveillé par la danse des marteaux du piano qui, répondant à mes sollicitations, donnent corps à mes histoires !

Délaissant les leçons de piano, un peu étouffantes, j’apprends alors les percussions orientales; seul, en accompagnant, totalement libre, les vinyles de mon père ; Idir, Djamel Allam, Nass El Ghiwan, Aït Menguellet… Voilà mes nouveaux professeurs !

Adolescent, je suis batteur.
D’un garage de banlieue à la mythique salle parisienne du Gibus… Rock progressif ! Liberté, toujours !

Le bac en poche, libre enfin, libre encore, je peux me consacrer pleinement à la  formation de percussionniste classique entamée quelques années plus tôt, aux CRR de Boulogne-Billancourt, puis de Rueil-Malmaison, où je goûte au théâtre musical, avec Gaston Sylvestre, et découvre le Zarb,  avec François Bedel – enfin une transmission orale ! – ainsi que le Gamelan, au sein du  tout-récent Musée de la Musique qui deviendra plus tard La Philharmonie de Paris. Chouette, encore une tradition orale !

Nourri d’influences éclectiques, de Munir Bachir à Léo Ferré, en passant par Bach, Miles Davis et le gamelan Balinais, je  développe mon goût pour l’improvisation musicale, en passant des heures à faire – librement – défiler des paysages intérieurs, tout en jouant de la batterie, au fond d’une cave parisienne, régulièrement accompagné par les secousses du Métropolitain, puis en accompagnant moi-même des cours de danse contemporaine (Peter Goss Dance Company, Catherine Cordier au Centre de danse du Marais, CNSMD de Paris).

Dans le même temps, BAFA en poche, je cultive les joies de l’animation, partageant de plus en plus mon amour de la musique auprès de groupes d’enfants. Des centres de loisirs aux écoles et aux crèches, mon parcours m’amène finalement, avec d’autres,  à inventer une place pour les musiciens en pédiatrie, où j’interviens alors très régulièrement pendant de longues années (Oncologie à l’Institut Curie de Paris et au CHU de Dijon ; Hépatologie (nourrissons) et Réanimation néo-natale et pédiatrique au CHU du Kremlin-Bicêtre. C’est tout un monde que je découvre là, celui de la prise en charge de l’enfant en situation de maladie grave, chronique ou aigue, avec sa famille.

C’est la prise de conscience, progressive, d’un ensemble de points. D’abord cette appétence chez moi pour le jeu, avec un ou plusieurs tout-petits. Une disposition naturelle, difficile à expliquer – force m’est juste de constater qu’elle est profondément ancrée en moi ; une joie profonde à m’installer sur un tapis pour jouer avec un bébé, à réaliser toujours plus qu’il s’agit bien moins de s’abaisser que de s’élever…
J’ai été en cela aidé par la collaboration avec les équipes soignantes, de l’auxiliaire de puériculture au chef de service, en passant par la psychologue, l’infirmière ou la surveillante. Dans ces situations hors-normes de maladie grave, il devient évident que jouer, partager, communiquer, est un besoin vital du nouveau-né ; pour se développer, pour vivre. Ainsi, partager une comptine avec un bébé greffé du foie et ses parents ne revient pas moins qu’à participer, avec l’équipe soignante, à favoriser l’émergence des ressources dont disposent le nouveau-né et sa famille pour faire face à la maladie et qu’à prévenir au passage la maltraitance, statistiquement plus élevée dans de telles situations !

Et voilà que se fait sentir en moi le besoin, en même temps que la difficulté, de cultiver la parole, besoin qui se révèle et s’affirme au cours de soirées-contes mensuelles, conduites pendant plusieurs années par Suzy Platiel avec le même groupe de familles. Au fil des mois, sur le modèle des ‘Cercles de parole’ chers à Suzy, chaque participant peut tour à tour, s’il le désire, prendre la parole ; dire un conte, écouter, raconter… quelque chose. Et me voilà pendant quelques années en formation, à la Maison du Conte de Chevilly-Larue (94)… et me voilà aujourd’hui conteur !

J’ai progressivement réalisé à quel point ma pratique du jeu en musique avec des enfants pouvait, à la fois être enrichie par mon métier de conteur, et venir en retour le nourrir. Me voir quelques années plus tard contacté par le service culturel du Conseil Départemental du Val-de-Marne pour intervenir comme conteur musicien, principalement dans les centres de PMI et les crèches du département, m’y a bien aidé  et m’y aide encore !

Ainsi, jeu, parole et musique, font bon ménage, participent à l’épanouissement des relations intrafamiliales et, c’est ce que je défends, construisent un espace de communication avec, et autour, de l’enfant, un espace  propre à l’expression de sa créativité, et à l’affirmation de sa liberté !

« Quand je serai grand.e, je ferai ce que je veux », dit l’enfant. Est-il vraiment indispensable d’attendre ?


Pourquoi raconter ? Pour créer des espaces où les émotions, les miennes, celles du public – enfants et adultes – trouvent un chemin, vers l’expression, comme une bulle éclaterait à l’air libre, comme une seconde d’éternité.